11.11.14

Alice, le 11 novembre

Onay, le 11 novembre

Bien cher époux, et petit papa,

Pendant que notre chère fille dort, je viens parler un moment avec toi en répondant à ta lettre que je viens de recevoir du 7 courant et qui m'a bien fait plaisir ; comme d'ailleurs toutes les correspondances que je reçois de toi mon cher bien aimé. Je suis contente aussi de savoir que tu es toujours en bonne santé. Puisse Dieu toujours te la conserver bonne, et te ramener bien vite auprès des êtres qui te chérissent et qui leur tardent tant de te revoir. 
 Mon cher Léon, tu me dis d'embrasser petite Marie pour toi : je ne cesse de l'embrasser en lui parlant de son cher papa. Je lui dis déjà qu'il faudra bien t'aimer car tu es si gentil que nous pourrons jamais assez t'aimer. 
Oh mon chéri, le jour même de sa naissance, j'ai dit à la maman de lui donner à embrasser ton cher portrait qui est suspendu près du lit, et comme la sage-femme m'avait fait retourner dans le lit, c'est à dire mettre la tête au pied, j'étais juste en face de toi. Je te regardais et j'aurais tant voulu que tu sois près de moi, mais si je ne t'ai pas eu.
Dieu a permis que tout aille pour le mieux. Il faut se contenter de cela pour le moment en attendant le grand plaisir de te revoir. Et maintenant que je me lève un peu chaque jour, je veux lui donner à embrasser son cher papa pour qu'elle te connaisse déjà quand tu reviendras. 
Tu me demandes aussi mon chéri si petite Marie a bonne envie de venir et grandir : tu peux être sûr que oui pour le moment, et j'espère bien qu'il en sera toujours ainsi. Si tu savais comme on s'attarde à ces chers petit êtres, il faut être maman pour pouvoir le comprendre et surtout quand c'est le fruit d'un amour comme le nôtre.
Cher Léon, tu me dis aussi qu'il faut t'envoyer tes lettres par Lons car elles mettent moins de temps. Je vais toutes te les renvoyer par là bas, seulement je t'ai envoyé ces mauvaises chaussettes en attendant mieux, ainsi que deux lettres par Belfort. Je ne sais si tu les a déjà reçues. Pour les lettres, il n'y aurait pas grand mal, mais je ne voudrais quand même pas que ces chaussettes soient perdues, donc quand tu recevras ma lettre, tu me feras savoir deux mots pour me dire si tu les as reçues.
Cher Léon, je viens terminer ma lettre car voilà un grand moment qu'il m'a fallu m'arrêter d'écrire pour donner à manger à petite Marie.
J'ai assez de lait pour maintenant car à mesure qu'elle tète d'un côté, l'autre coule tout seul. Je vais pour le mieux mais je ne fait encore presque rien que de garder ma chère petite fille.
Reçois cher bien aimé, les meilleures amitiés de tous mes parents, sans oublier la maman  qui aime bien notre petite Marie, et sois bien embrassé par tes deux petites chéries qui t'aiment bien tendrement pour la vie.

Encore mille bons baisers.
Prend courage mon trésor. espérons en des jours meilleurs où nous serons si heureux avec ce cher petit ange.

Ta petite femme. 
Alice

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