29.11.14

29 novembre

Bien chère épouse adorée et chère petite Marie,

Ayant un moment de disponible, je viens parler un moment avec toi ma chérie pour me désennuyer car je commence à bien trouver longue cette campagne, mais il faut espérer que la bonne moitié est faite maintenant, car voilà bientôt quatre mois que je t'ai quitté.
C'est bien dur pour nous deux d'être séparés comme l'on s'aimait surtout ; enfin ce que je puis t'avouer c'est que lorsque je rentrerai, je trouverai les trésors qui me sont si chers et à qui je pense toujours. 
Oh ma chère bien aimée, quelle joie pour nous tous lorsque vous serez rendue à ma tendresse, quel bonheur pour moi ce jour là, je ne languirai plus, je revivrai comme les fleurs qui reviennent au gentil printemps. Oh oui ma chère petite maman, tu peux être certaine qu'une fois rentré, je ne te quitterai plus jamais pour de pareils faits, je resterai toujours bien gentillement auprès de toi ma chère épouse adorée, à te contempler et à bercer dans mes bras ma chère petite Marie que je ne connais encore pas, et que j'aime cependant bien aussi quand j'y pense. 
Il me semble que je suis déjà près de vous et que je vous chéri, je suis bien près de vous par la pensée et par le coeur mais ce n'est encore pas la présence réelle. Quand je jette un regard en arrière, il y a un an, j'ai le coeur bien gros. Tous les dimanches j'étais près de toi ma bien aimée et aujourd'hui j'en suis éloigné. Lorsque tu recevras cette lettre, chérie, nous serons proche de l'anniversaire du 7 décembre où tu es venue avec la maman voir ton nouveau logis. Nous étions si heureux car nous avions déjà fixé le jour de notre belle union. Les beaux jours que c'était, et aujourd'hui je suis éloigné de toi et de chère petite fille. Tu es mère et tu n'as pas ton époux, ni le père de notre chère enfant, mais reconsoles toi bien vite ma petite femme chérie, ton époux bien aimé à qui tu penses bien souvent aussi, vit en très bonne santé, il ne souffre que de votre absence mais il reviendra plein d'allégresse et de gloire ; et sera fier de retrouver ceux qu'il a laissé pour faire son devoir envers sa patrie, terre Française si bien défendue par nos ancêtres et par ses fils d'aujourd'hui.

Chère Alice, petite Marie a un mois d'existence aujourd'hui, il me semble qu'elle doit être forte. Comme je pense si elle a trois mois à mon retour, elle ne veut pas vouloir se laisser approcher de son petit papa vu qu'elle n'aura pas l'habitude de me voir, mais elle s'y fera bien vite. Enfin prenons bien patience tous les deux, l'heureux jour qui nous réunira approche. 1914 va bientôt s'éteindre avec des gloires et 1915 nous apportera la paix avec le retour dans nos foyers.
Chère petite maman, dis bien des choses de ma part à la chère maman. embrasse la bien pour moi en attendant que je sois de retour pour lui rendre les bienfaits que tu reçois en ce moment. N'oublie pas également Germaine et Edmond ainsi que tous les parents et donnes bien le bonjour aussi aux amis et connaissances. Tu me diras à ta prochaine lettre si vous avez reçu cette petite médaille que j'ai envoyé pour petite Marie et si elle vous convient. C'est peu de choses mais c'est un grand trésor qu'il me semble que j'ai fait à ma chère enfant.
Reçois ma chère bien aimée ainsi que petite Marie mes amitiés les plus sincères et soyez bien tendrement embrassées comme je vous aime du plus profond de mon coeur.
Au revoir et courage
Ton époux. Léon

 La France et l'Allemagne en 1914 - Le 244ème RI est cantonné à l'est de Belfort vers Altkirch
Source : www.cartesfrance.fr

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