7.11.14

7 novembre

Chère Alice et petite Marie,
Ayant un moment à moi, je m'empresse de t'écrire ces quelques lignes pour parler un peu avec toi ma chérie, car ma pensée est constamment à toi et à petite Marie, cette chère enfant qui est tout notre bonheur, que je ne connais encore pas, mais que j'aime bien quand même. 
Chère petite maman, tu vas me faire une grande surprise et aussi une grande joie lorsque je rentrerai et que tu me présenteras cette chère petite fille. Quand j'y pense, j'en pleure de bonheur. Oh qu'il sera beau ce rêve que je finirai près de vous tous, quand je vous serrerai dans mes bras après ces longs mois d'absence que je passe sur cette terre annexée mais qui redeviendra bientôt aussi l'antique Alsace Française. Ce jour vient et je crois qu'il n'est pas loin, où tous les coeurs de Français et Françaises battront ensemble en voyant le glaive germanique se briser à tout jamais et l'aurore de paix européenne qui va être créée par les puissances alliées, qui vont supprimer ce fléau de guerre et mettre cette maudite Allemagne au plus bas rang des barbares que l'on ne puisse citer en ce monde. 
Oui ma bien aimée, cette guerre qui touche presque toute l'Europe sera une guerre civilisatrice, nous pourrons avoir des fils, nous ne craindrons pas après cela que nous reprendrons encore les armes pour repousser encore l'envahisseur, car le trône d'Allemagne sera je l'espère, tombé à tout jamais ; et l'europe entière empêchera cette nation de s'armer à outrance comme elle l'a fait jusqu'à présent, et puis elle va être bien enchaînée. 
Alors prenez tous patience encore quelques semaines, et ce voile de tristesse sera consumé. La France et les autres puissances alliées seront victorieuses par les bras de leurs fils qui auront combattus pour leur patrie.
Chère Alice, il faut que je te dise qu'il est encore arrivé d'autres Salinois au 244ème. Nous sommes une belle bande, il fait toujours bon d'être avec des connaissances, ça fait trouver le temps un peu moins long. Quand nous rentrerons dans nos familles, ce sera des heures heureuses pour nous tous, l'on s'en réjouit déjà. 
Quand tu me récriras, ma petite maman, tu me diras si ma petite Marie cherche bien à grandir. Je demande à Dieu qu'elle vienne et grandisse avec gentillesse, pour sa maman et son petit papa. Oh embrasse bien pour moi ce trésor, et quand je serai de retour moi aussi, je la couvrirai de baisers paternels ainsi que toi mon Alice adorée.
Je viens de recevoir une lettre de Germaine ce matin. Elle m'a bien fait plaisir carr elle me dit que tu vas bien ainsi que petite Marie qui se fait bien comprendre pour avoir à manger. Elle me dit aussi qu'elle est forte et que la maman va souvent l'embrasser. 
Je la plains cette pauvre maman lorsque nous serons rentrés à Salins car elle va beaucoup s'ennuyer de cette chère enfant. Enfin les beaux dimanches nous irons les passer à Onay, moi j'irai tout au matin pour travailler pour la maman car je veux lui être reconnaissant. Je ne veux pas l'oublier car elle aura bien fait pour nous. Embrasse la bien cette chère maman, et dis lui bien des choses de ma part, sans oublier les parents, et bien le bonjour de ma part aux connaissances. 
Lorsque tu me feras réponse, tu m'adresseras les lettres par Lons-Le-Saunier. Je croyais bien faire par Belfort mais elle mettent plus de temps que par Lons. Ainsi la lettre que j'ai reçue d'Edmond à mis cinq jours et celle de Germaine 3 jours, donc fais les toutes passer par Lons-Le-Saunier.

Reçois ma bien aimée et petite Marie, mes plus tendres amitiés et soyez bien embrassées comme je vous aime du plus profond de mon coeur qui ne vit que pour vous.
Patience et courage pour le grand bonheur.
Ton petit mari et petit papa.
Encore mille bons baisers.
Léon



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