7.10.14

Le 7 octobre

Bien chère épouse adorée,

Je fais réponse à ta lettre du 4 courant que j'ai reçue hier soir et qui m'a bien fait plaisir de recevoir de tes nouvelles. J'étais déjà dans l'attente de tes nouvelles, mais j'ai été heureux d'avoir pareille lettre car j'aime quand elles sont bien remplies, cela me fait plaisir de parler un peu avec celle que j'aime toujours d'avantage, et qui m'est chère, et dont ma pensée est toujours à toi.
Puisque nous passons notre nuit dans une station de chemin de fer dont nous en avons la garde pour 24 heures, et comme je viens de tirer mes deux heures de faction ; et aussi comme je suis tranquille à 2 heures et demie du matin, je t'écris ma lettre pour qu'elle te parvienne plus tôt car elles mettent assez de temps pour arriver.
Enfin ils ne faut pas nous plaindre pour la corrrespondance : je vois de ces parents de ces épouses ici en Alsace qui sont sans nouvelles de leurs fils et de leur mari, tu peux croire que cela leur est dur, mais que veux-tu, c'est comme cela, ils ne sont pas les seuls aussi.
Chère Alice, tu me dis que ta demande de secours est acceptée pendant ma présence sous les drapeaux. J'en suis très satisfait, cela vous viendra en aide mais je te plains s'il t'a fallu retourner encore pour cette feuille, car je pense bien que tu dois être bien grosse et que tu dois bien fatiguer. Ménage toi bien ma chérie, ne va pas commettre d'imprudence, j'en aurai bien grand regret de te sentir malade et de ne pas être auprès de toi.
Il y avait l'espérance que je serais rentré pour ce grand jour où je deviendrai papa pour la première fois, enfin je ne me décourage pas pour autant, j'ai toujours l'espérance pour ce jour, et si je ne suis pas rentré, cela ne saura tarder après. J'aurai la joie d'embrasser mon épouse et mon enfant qui seront tout mon bonheur ainsi que tous nos chers parents.
Ma petite femme chérie, tu me dis que tu me ferais un grand plaisir de me présenter un beau petit garçon lorsque je rentrerai. Qu'il plaise àDieu de nous donner ce qu'il voudra, mais moi je préfère une gentille petite fille comme sa maman. Tu peux croire que je serai heureux si cela arrivait, surtout pour le premier car les filles aident mieux leur maman qu'un garçon. Les garçons aussitôt que ça peut courir, ça se sauve et ils rentrent tout déchirés, et c'est la maman qui travaille à refaire tout cela ; et toi tu ne mérites pas cela. Tandis qu'une petite fille reste auprès de sa maman, elle l'aide, garde son frère et sa soeur comme tu l'as fait toi-même ma chérie.
Chère épouse adorée, tu me dis que tu n'as pas rendu mes jambières, j'en suis bien satisfait. Je ne veux plus rentrer dans la compagnie de sapeurs pompiers de Salins. Ils ont les effets et je suis payé donc tout est fini. Seulement n'en parle pas du tout : tu ne voudrais pas que lorsque je serai rentré de cette guerre, comme j'ai l'espérance de porter encore ces effets, non je veux t'obéir comme je t'aime : tu n'y tenais pas et bien aujourd'hui c'est tout fini.
Je termine ma lettre mon cher trésor, en t'embrassant bien fort comme je t'aime du plus profond de mon coeur, et dont toute ma vie est à toi.
Embrasse bien tous les parents aussi pour moi et donne le bonjour aux amis et connaissances.
Encore mille bons baisers ma chérie et au revoir et courage.
Léon

Je t'écrirai encore d'ici quelques jours. Ton petit mari qui t'aime et qui pense toujours à toi.
Léon

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