8.12.14

8 décembre

Bien chère épouse et petite Marie,

Ayant un moment de disponible ce soir, je fais suite à ma carte d'hier et pour te dire que tout va bien maintenant, avec un temps pareil, s'il pouvait continuer comme cela deux mois, nous serions bien heureux ; enfin quoique cela nous ne sommes pas malheureux, la compagnie a bien changée depuis le départ du capitaine. Le lieutenant Pernet de Salins nous soigne bien, aujourd'hui nous avons eu du chocolat pour déjeuner et il nous change de viande, il achète un porc toutes les semaines pour la compagnie, et puis du vin nous en avons tous les jours, bien des fois un demi-litre, eau-de-vie et thé, pour aller aux avants-postes ; et sardines ou fromage aussi ; alors tu vois que nous sommes bien, mais quoique là j'aimerais être près de vous tous, je serais encore bien plus heureux. 
Je ne me décourage pas non plus, cet heureux jour approche où nous serons les plus heureux sur cette terre, après une pareille séparation. Je n'ai pas le temps de bien m'ennuyer car voilà quelques temps que je remplace le caporal de mon escouade qui est tombé malade. Je fais tout mon possible pour bien faire car je suis un peu novice de ce côté là, enfin ce n'est peut-être pas pour longtemps, il me tarde qu'il rentre pour être débarrassé de cette affaire là.
Chère Alice, j'ai reçu une jolie carte de Germaine aujourd'hui, aussi je lui écrit en même temps qu'à toi pour bien la remercier car elle m'a fait grand plaisir. Je t'enverrai la carte la prochaine fois que je t'écrirai pour que tu la conserves, tu veux la trouver jolie ; si le temps le permet et que tu ailles baptiser à Salins, tu donneras bien le bonjour à notre curé en attendant de le revoir. 
Tu me diras aussi ce que font les cousins de St Benoit, si tu as leur adresse tu me la donneras, que je leur envoie deux mots car je les aimais bien, quoique je n'ai vu Alfred qu'une fois, je l'ai trouvé bien gentil, il a du en voir lui étant de l'active, ils ont eu bien plus de travail que nous quoique voilà quelques temps où nous avons bien travaillé ici aussi. 
Dis bien des choses pour moi à la maman et embrasse la bien pour moi car je pense bien souvent à elle, et aussi petite Marie, comment vient-elle ? Edmond ne veut surement pas que nous l'emmenions à Salins car il doit bien l'aimer aussi. Nous la laisserons à la maman quand il sera soldat, elle sera forte, elle tiendra compagnie ; et puis nous deux, d'ici là, nous aurons travaillé pour d'autres. 
Chère bien aimée, tu donneras bien le bonjour à tous les parents pour moi, et dis leur aussi bien des choses de ma part. J'oubliais de te dire que le gouvernement français nous a remboursé les effets chauds que tu m'as envoyé. J'ai touché 6,40 francs pour mon compte, et hier j'ai touché une bonne ceinture de flanelle et une paire de gants. J'ai bien du linge maintenant, quant aux chemises j'en ai deux, c'est assez surtout que le sac devient lourd avec tout cela, mais nous le portons bien quand même. Je termine ma bien aimée en t'envoyant mes plus douces amitiés et en t'embrassant bien fort, ainsi que ma chère enfant. Mille bons baisers et au revoir.
Léon

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