10.12.14

10 décembre

Bien chère épouse et petite Marie,

Je m'empresse de faire réponse à ta grande lettre que j'ai reçue hier et qui m'a fait bien plaisir d'avoir de tes nouvelles, comme d'ailleurs toutes les lettres que je reçois de toi ma chérie. Tu ne peux savoir la joie que j'éprouve lorsque je lis tes chères lettres, il me semble que je suis un moment près de toi et que je te parle, mais prends patience ma bien aimée, le jour viendra où nous serons réunis et où je te donnerai ma tendresse ainsi qu'à ma chère petite fille, qu'il me tarde tant  de connaitre. Oh combien je veux être heureux lorsque je serai près de vous, comme je veux tous vous chérir après ces longs mois d'absence que je passe en Alsace. Enfin, tranquillisez-vous bien tous, quoique nous ne savons encore pas le bout de cette guerre, le temps travaille pour nous. Nous les vaincrons ces sales boches, et Guillaume descendra de son trône sanglant.Son peuple barbare sera cinglé par les armées des alliés ; ils ont voulu la guerre, on la leur fera et plus qu'ils ne voudront. La terre entière déteste cette puissance sanguinaire, il leur fallait une bonne saignée, mais c'est eux qu'il l'ont. Nos positions et notre tactique militaire sont des meilleures, et l'état moral de tous les soldats est excellent. Alors, tu peux croire que nous sommes bien soignés tandis qu'eux n'ont pas toujours assez à manger. Souvent il arrive des déserteurs ou d'autres qui se rendent, car la faim les tourmente. Nous, nous avons au delà, surtout moi qui ne suis pas un fort mangeur.
Je t'envoie la carte que Germaine m'a envoyée, pour que tu la conserves. Je l'ai déjà abimée, ce qui me fait de la peine. Donne bien des baisers à mon enfant chéri pour moi, et embrasse bien la maman, ainsi que tous les parents pour moi ; et toi, ma petite femme chérie, reçois de ton époux qui t'aime pour la vie, ses plus tendres amitiés, et soit bien fortement embrassée.

Ton époux et petit papa
Léon

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