23.9.14

23 septembre

Ma petite femme chérie,
Je fais réponse à tes deux lettres que j'ai reçues hier au soir et qui m'ont fait bien plaisir. Comme tu as du le voir, j'étais déjà inquiet de toi vu qu'il y avait déjà quelques jours que je n'avais rien reçu de toi, mais maintenant je vois que ça va mieux aller, d'abord à ce que je vais te dire, tu peux te tranquilliser un peu. Quant à la nourriture dont tu me parles, l'on est très bien nourris, l'on a aussi quelquefois du vin, quant au couchage ça va assez bien, et comme nous sommes bien habillés, l'on a pas froid. Aussi je puis te dire que j'ai soin de ma santé et j'ai une grande propreté personnelle, je n'attend pas que mon linge soit trop sale pour le laver. j'ai déjà acheté du savon pour mon nécessaire, alors tu vois que si j'ai le bonheur de rentrer comme nous le demandons à Dieu chaque jour, tu n'auras pas un bohémien, mais toujours un gentil petit mari qui te prodiguera toujours ses tendresses car tu peux croire que moi aussi je pense souvent à toi. L'on est loin des yeux mais près du coeur, et je suis toujours assez inquiet de toi, comme toi même tu l'es de moi ; enfin tranquillise-toi bien pour moi vu ton état et tout ira bien.

Chère Alice, tu me dis que Jules Dôle à réclamé les effets de pompiers. Je ne sais si tu as rendu les jambières, si au cas tu les as rendues, tu les réclameras lorsque tu iras à Salins, car elles m'appartiennent, je les ai payées. Aussitôt que tu auras reçu ma lettre, tu iras à Salins te faire inscrire à la mairie pour pouvoir toucher ton indemnité de ma présence sous les drapeaux, celui qui ne demande rien n'a pas, et voyant ta position, ils devront bien penser que tu ne peux pas gagner ta vie s'ils te demandent des explications pourquoi tu n'es pas allée plus tôt. Tu leur diras que depuis mon départ, tu étais allée chez ta mère, et que la maman a assez à faire pour vivre; pour quand ou bien que vous avez, ne te laisse pas prendre sur ce point, tu es mon épouse je n'ai rien et toi non plus. 
Si tu peux recevoir 1, 2 3 cent par jour, ce sera toujours autant ; et s'ils ne veulent rien faire de cela, je me charge bien du reste plus tard. Fais tout pour le mieux, d'abord tu veux bien t'arranger, je n'ai pas de souci pour cela ; nous avons droit à cela aussi bien que d'autres.

Chère bien aimée, tu me dis que tu as écrit à Pont d'Hery, j'en suis bien content et t'en remercie bien sincèrement. Je leur ai envoyé une carte les premiers du mois, je pense qu'ils ont du la recevoir, mais je ne leur avais pas donné mon adresse et ils n'ont pu me faire réponse. J'ai écrit à Albert [Griffon] aussi et je n'ai encore rien reçu. Je ne sais s'il est toujours à Besançon, enfin pour terminer, espérons que tout ira bien et que nous nous reverrons bientôt.

Pour quant à chez Edmond, dis à la femme qu'elle se tranquillise si elle ne reçoit rien, il se peut aussi que moi je reste quelques jours sans t'envoyer de mes nouvelles car l'on a pas toujours le temps d'écrire et de trouver un vaguemestre pour remettre nos lettres, et quoique cela arrivera, ne te désole pas pour autant, mais je ferai tout mon possible pour ne pas te laisser sans nouvelles, et quoique cela tu ne recevrais rien, tout irait bien.
Donne bien le bonjour à tous les parents et embrasse les bien tous pour moi aussi, et toi ma chère et tendre épouse, reçois ces quelques fleurs d'Alsace comme gage d'amitié et sois bien tendrement embrassée, et reçois aussi mes sincères salutations empressées.
Ton petit mari qui t'aime bien tendrement pour la vie.
Léon
Au revoir et courage

Je pense que ce petit héritier que nous attendons, grandi et s'amuse toujours bien

Le bonjour à Mme Perret , M, Mme Longchamps, tous les amis et connaissances que tu verras

Alice Viennet, née Simonin - Photo G. Arnaud Pont de Beauvoisin (Isère)

François Léon Viennet - Photo G. Arnaud Pont de Beauvoisin (Isère)
Marie Viennet, mère de François Léon - Photo fin du 19eme siècle

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