7.8.14

8 août

Offemont,
le 8 août

Chère Alice et chers parents

Je vous écris ces deux lignes pour vous tranquilliser car en ce moment j’ai quelques minutes à moi. Tout va pour le mieux jusqu’à présent. Nous sommes proches de la frontière allemande de 6 kilomètres. Nous avons déjà des troupes françaises en Alsace. Nous sommes arrivés à Belfort mercredi soir à 10 heures, et nous sommes allés coucher à Bavilliers où nous sommes restés jusqu’à hier matin et nous resterons ici en réserve jusqu’à nouvel ordre. Nous manoeuvrons en ce moment comme réservistes ; je ne suis pas malheureux, mais je trouve le temps bien grand de toi ma chère Alice ne te fait pas de mauvais sang non plus, je suis certain que nous nous reverrons bientôt, prend un peu patience et tout ira pour le mieux, pense surtout à la position où tu te trouves, je ne tiendrais pas à ce que notre héritier attendu supporte les conséquences de cette mobilisation.
Comme je n’ai pas toujours l’occasion d’écrire, je te demande d’envoyer deux mots à Pont d’Héry pour moi à seule fin de les tranquilliser un peu. Tu leur donneras de mes bonnes nouvelles et dis leur de se tranquilliser. Je n’ai pu voir Albert car comme nous sommes éloignés de l’active, nous ne pouvons nous voir vu qu’il suit l’active étant au 1er échelon de réserve.
Je puis vous dire que nous voyons beaucoup d’aéroplanes ici, il n’y a pas de jours où l’on en voit au moins cinq ou six. Je crois que c’est ces engins qui font le plus la guerre aux prussiens. Je ne vois plus grand chose à vous dire pour le moment que je me porte bien et que je désire que tout aille pour le mieux parmi vous. Je vais terminer ma lettre car nous allons bientôt retourner au service en campagne comme exercice de l’après midi.
Voici l’adresse pour mes parents Viennet Cyrille à Pont d’Héry par Salins, Jura.
Et puis voici ma nouvelle à moi : Viennet Léon - 244ème d’infanterie, 18ème compagnie, par Lons-Le-Saunier.
Donc au revoir, je vous embrasse tous bien fort, et toi ma chère Alice, reçoit mes tendres amitiés et soit fortement embrassée.
Ton petit mari que tu reverras bientôt.
Léon

N’attends point mes effets civils, je les ai mis en consigne à la caserne de Lons le Saunier.
Donne moi de tes nouvelles ainsi que de tes parents pour me faire prendre patience de notre séparation provisoire. Toujours à toi ton petit homme qui t’aime et qui pense à toi pour la vie.
Léon



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